Les Voyages Ferroviaires de Marc
30/04/18 : Le chemin de fer de Jordanie

Le chemin de fer n'est certainement pas l'attraction principale du pays. Il n'y a plus, aujourd'hui, aucun service voyageurs et le seul service marchandises concerne un trafic de phosphate. Mais bon, il y a quand même des aspects historiques intéressants. Le seul chemin de fer qui ait jamais existé en Jordanie est le chemin de fer du Hedjaz. Je vous ai conté l'histoire de cette ligne lors de mon voyage en Israel il y a 2 ans. Je ne rappelerai donc ici que les faits qui concernent la Jordanie. Au sortir de la seconde guerre mondiale, le réseau du Hedjaz est comme montré dans la première carte ci-jointe, sauf que toute la partie sud de la ligne, au delà de Ma'an, ne fonctionne plus. Quelques années plus tard, lors de la création de l'état d'Israel, la branche de Haïfa est détruite. Il ne reste plus à ce moment en exploitation régulière que la ligne Damas-Amman, plus quelques trains de marchandises sporadiques plus au sud.

Quelques années plus tard, les gisements de phosphates sont découverts et une ligne de chemin de fer est créée pour les évacuer vers le port d'Aqaba, en réhabilitant une partie de la ligne existante, prolongée par un nouveau tracé vers ce port de la mer rouge. Ce nouveau tracé ne sera pas simple : il faut racheter une différence de niveau de 1500m en 60 km de parcours, soit une moyenne de 2,5%. Heureusement, le trafic en charge se fait à la descente... On aura donc pendant des années le schéma suivant : exploitation minière sur le tronçon sud, et exploitation mixte, voyageurs + marchandises, sur le tronçon Damas-Amman. Le tronçon central entre Amman et le site des mines ne sert qu'à des échanges de matériel. En 2012, la ligne est endommagée en Syrie, à cause, parait-il, de manoeuvres militaires. Le tronçon nord cesse d'être exploité à ce moment et il n'est plus possible de joindre Amman en train depuis l'Europe. La guerre civile syrienne rendra les choses pires encore puisque c'est désormais tout le réseau syrien qui est à l'arrêt. Voici les quelques photos que j'ai pu faire et qui illustrent cette situation.

     Pris à l'arrache, depuis l'intérieur de la voiture, un train chargé qui arrive au terminal d'Aqaba (j'ai essayé d'y aller mais c'est interdit).  Une rame vide remonte vers le site des mines.
 Je voyagais avec une tablette qui me servait de GPS et sur laquelle j'avais chargé la carte Google Maps de l'endroit. C'est très facile ainsi de détecter quand il y a des voies à proximité. C'est ce qui m'a permis de faire la course avec ce train et d'arriver avant lui au passage à niveau.  Coup de zoom sur les machines...  Ce sont des machines américaines (GE) montées sur bogies à voie métrique mais j'ignore de quel type exactement. J'ai vu deux références sur le net, U10B ou U17B. La société ne disposerait que de 3 machines, deux en service et une en réserve, de quoi faire un seul aller-retour par jour. Infos supplémentaires trouvées : les machines actuelles sont des GE U17C, tandis que la U10B est le modèle précédent, qu'on voit dans les photos de la gare de Wadi Rum.  On franchit le passage à niveau... C'est le seul en service que j'ai vu.
 Le panneau stop est à respecter impérativement sous peine de casser ses amortisseurs au franchissement du PN.  Et voilà, c'est passé. Notez la conduite typiquement locale : on s'arrête pile au bord de la voie et on redémarre dès que la route est à moitié libre - sous peine de se faire claxonner par le suivant.  Dernière vue du train entier. Tous les wagons ne sont pas du même type.  Une gare en plein désert, pour surveiller un évitement qui ne sert jamais, puisqu'apparemment, il n'y a jamais qu'un train en ligne...
 Mais la gare offre un intéressant spectacle !      
     C'est le matériel voyageurs d'origine du chemin de fer du Hedjaz, construit il y a plus d'un siècle. Evidemment, ce type de climat, ça conserve...  
 Cette gare a disposé d'un triangle de retournement, plus vraiment fonctionnel aujourd'hui.  Et puis finalement, le train que je poursuivais est arrivé.    
 Seule la voie principale est dans un état raisonnable. Bien sur le ballast est très pollué par le sable, mais comme il n'y a pas beaucoup d'eau à évacuer non plus...  Voici maintenant quelques autres endroits ou j'ai eu l'occasion de croiser ce qui reste du chemin de fer du Hedjaz. D'abord au croisement avec le périphérique sud d'Amman. Matériel roulant garé...  ... mais aussi une locomotive avec son phare central allumé, donc opérationnelle ! Que faisait-elle là ? Ce phare ne se voit pas trop sur cette photo à la densité réduite pour satisfaire à la norme des 300 kB mais sur mon original c'est très clair, croyez moi !  Il me semble que les véhicules en remorque de cette loco sont des voitures à voyageurs. Or en fouinant un peu - merci Google - j'ai trouvé qu'un groupe anglais organisait une semaine de safari ferroviaire pour la semaine suivante, avec au programme des trains remorqués en vapeur. Voir détails en pièce jointe... Un voyage d'une semaine à £ 2000 la personne, y'a des amateurs fortunés. Donc peut-être un mouvement de préparation. Apparemment, j'ai juste raté quelque chose... Le document en pièce jointe contient un pointeur vers une page web qui liste les sections de ligne encore pratiquables. Ceux-ci incluent apparemment tous les passages que j'ai montrés plus loin. La section praticable va de Mafraq (60 km au nord d'Amman) jusqu'à Qatrana, environ 100 km au sud.
 Au croisement de l'autoroute qui conduit à l'Aéroport Queen Alia, au sud d'Amman. Je doute fort qu'il y ait encore des circulations ici...    Dans le zoning industriel qui se trouve au nord de l'Aéroport.  Notez les traverses métalliques qui datent de l'origine de la ligne et qui, si je ne me trompe pas, viennent de Belgique.
 Et ici, à voir les traces dans la poussière, il semblerait bien qu'on circule encore de temps en temps.  Un peu plus loin, dans le village bédouin du Wadi Rum, deux anciens wagons de marchandises ont été récupérés pour en faire des locaux d'accueil.  Notez le caractère assez primitif des bogies...  Et l'endroit où ils ont été fabriqués... mon grand-père a travaillé là...
 Nous voici maintenant au nord du pays, dans la ville de Zarqua. Ici passait - et s'arrêtait - il n'y a pas si longtemps encore le train de voyageurs bi-hebdomadaire Damas-Amman. Aujourd'hui la voie n'est plus qu'un dépotoir...  

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