Les Voyages Ferroviaires de Marc
11/03/18 : Israel les origines du chemin de fer

Les premiers chemins de fer dans cette région datent de la fin du 19ème siècle. A cette époque, la Palestine est une région pauvre et déshéritée, sous la tutelle de l'empire Ottoman. L'économie est purement locale et repose sur l'agriculture et l'élevage. On y vit encore comme à l'époque du Christ... En Europe à cette époque, apparait un regain d'intérêt pour les pélerinages en terre sainte. Si la première partie du voyage, jusqu'au port de Jaffa, est relativement facile à envisager - une agréable croisière en méditerranée - il en va autrement de la suite : a dos de mulet, par de mauvais sentiers, et sous un soleil de plomb. Sans jeu de mots, un vrai calvaire... Plusieurs propositions pour un chemin de fer entre Jaffa et Jerusalem apparaitront, et finalement, un consortium d'entreprises françaises reçoit l'accord des autorités ottomanes. En 1892, la ligne est construite. Assez curieusement, et pour des raisons restées mystérieuses, les locomotives viennent de chez Baldwin, aux Etats Unis

A la même époque, les autorités ottomanes décident la construction du chemin de fer du Hedjaz, qui doit aller de Damas à La Mecque. C'est un défi logistique d'importance, pour l'acheminement des matériaux. La seule voie possible est via Istanbul... Trop long, trop compliqué. On construira donc une ligne "temporaire" pour alimenter le chantier. Celle-ci ira du port de Haïfa jusque Deraa, à mi-chemin entre Damas et Amman, en passant par la vallée du Jeezerel (qui donnera son nom à la ligne), la vallée du Jourdain, le sud du lac de Tiberiade, et la vallée du Yarmouk. Le chemin de fer du Hedjaz ne sera pas un succès. Les populations limitrophes, autrefois employées aux caravanes de pélerins, lui en voudront de leur avoir volé leur gagne-pain et riposteront par d'incessantes attaques. L'empire Ottoman ne controle pas vraiment ces régions... en tout cas pas plus que quelques kilomètres de part et d'autre de la ligne. En 1908, il atteint Medine... et n'ira jamais plus loin. La ligne "provisoire" par contre, devient vite le cordon ombilical pour l'approvisionnement de Damas et Amman, et se révèlera être le composant le plus profitable de tout le système. Parcourou par quatre trains de voyageurs par jour et par sens, plus de nombreux convois de marchandises, il opérera souvent à la limite de la saturation.

 Deux cartes pour aider à suivre un peu. Première carte : les lignes construites par les ottomans. Tout est construit - ou remis - à l'écartement de 1,05 m  Haïfa est dans le premier carreau, en haut à gauche. Deraa est tout à droite. Vers le sud, une extenstion vers Naplouse et Tulkarem déjà construite avant la guerre (il y avait un projet pour aller de Naplouse jusque Jerusalem mais ça ne s'est jamais fait). A partir de Tulkarem (sur la limite entre les deux premiers carreaux de la 3ème ligne) vers le sud, ligne construite pendant la guerre. Vers le nord, ligne pour exploiter des zones boisées suite à pénurie de charbon. Plus bas, croisement avec la ligne Jaffa-Jerusalem. Le Sinaï est tout en bas à gauche; et un peu au dessus, une branche dessert la ville de Gaza. C'est par cette branche là que les brittaniques, tout en convertissant en voie normale, remonteront vers le nord. Vous suivez toujours ?  Deuxième carte, les lignes construites ou capturées par les anglais, à voie normale - en rouge. En bleu, ce qui est resté à voie de 1,05 m. Kantara est tout en bas à gauche. De Gaza à Tulkarem, c'est une ligne existante et remise à voie normale. Au nord de Tulkarem jusque Haïfa, c'est une construction neuve. La ligne à voie de 1,05 m entre Tulkarem, Naplouse, et Afula sera abandonnée très vite après la première guerre mondiale.  Il reste encore quelques bâtiments datant de l'origine du chemin de fer du Hedjaz. Ici, la gare de Beit She'an, la où la ligne rejoint la vallée du Jourdain. On en reparlera.
   

La première guerre mondiale.

La région verra s'affronter les troupes anglaises et ottomanes, alliées de l'Allemagne. L'Angleterre ne montre de prime abord aucune intention belliqueuse dans la région (autre que de fromenter des attaques contre le chemin de fer du Hedjaz en Arabie) mais l'empire ottoman menace de s'en prendre au canal de Suez. Pour ce faire, il a besoin de pouvoir transporter une grande quantité de troupes et de matériel vers le Sinaï. Comme l'Angleterre est maitre des mers, le transport terrestre - et donc par chemin de fer - est la seule solution. On construira donc une ligne, au départ du chemin de fer du Hedjaz, en direction du sud. La ligne croisera à Lydda le chemin de fer de Jaffa à Jerusalem, qui sera remis au même écartement (soit de 1m à 1m05), pour pouvoir ravitailler la garnison de Jérusalem. La ligne descendra via Bersheeba jusque dans le Sinaï, en restant soigneusement à distance des côtes afin de se mettre à l'abri des canons de la marine brittanique. En 1916, une première confrontation entre les troupes anglaises et ottomanes a lieu à environ 50 km du canal. Les anglais, supérieurement équipés, entrainés, et commandés, prennent l'avantage ; les ottomans ne s'en remettront jamais et à partir de là, ne feront plus que reculer. Les anglais aussi ont besoin de voies de communication. Ils partent de Kantara, sur le canal, où arrivent des lignes égyptiennes en provenance du Caire et d'Alexandrie. Un bac d'abord, un pont tournant ensuite, permettront de franchir le canal. La ligne, celle-ci à voie normale, longera ensuite la côte (afin de pouvoir être protégée par l'artillerie de marine) et suivra de près les progrès du front. En 1917 il est à Bersheeba, et les anglais s'emparent de la ligne ottomane, qu'ils remettent à voie normale. Fin 1918, ils sont à Haïfa, et disposent donc d'une ligne à voie normale qui traverse la Palestine du nord au sud. La ligne de Jérusalem change aussi de mains, et donc, de nouveau, d'écartement : c'est une des rares lignes à avoir connu 3 écartements différents au cours de son existence...

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